Le Mardi 17 janvier 1995 5h46, je dormais parterre sur le Tatami dans ma chambre chez mes parents, à 200km de la région qui a subit ces dégâts phénoménaux.
La veille, je me trouvais à Osaka (à côté de Kobe) pour des pièces de théâtre Kabuki. J'ai hésité à ne pas rentrer chez moi, mais malgré que la dernière pièce s’est fini tard, je suis rentrée par le dernier Shinkansen.
Cette nuit, je me suis endormie parterre… Tout d’un coup, ma chambre s’est mis à secouer fortement, cela m’a réveillé et je me suis dis “Ça y est, c’est le Tremblement de terre de Tokai (Grand tremblement de terre, M.8 qu’on pensait d'avoir dans la région de Tokai ; Centre du Japon, Côté Océan Pacifique)…”
J’avais déjà vécu plusieurs petits tremblements de terre, mais cette fois-ci, c’était vraiment énorme et je me suis préparée physiologiquement à la fin de ma vie.
Après que la maison se soit calmée, je suis descendue au salon et toute la familles s’y est retrouvée… Avec le système d’alerte de l’Agence météorologique du Japon très efficace et rapide, nous avons vaguement compris que l’épicentre était vers Kansai. Nous sommes donc retournés à nos lits.
Une heure après, quand nous avons allumé la télévision, ce que nous avons vu, c’étaient les images que nous avions jamais imaginé avant… J’avais larmes au yeux.
A ce jours là, je venais finir ma thèse de l’Université et j’attendais une réponse de mon professeur. Le professeur qui m’accompagnait pour préparer mon diplôme, était chercheur sur 井原西鶴 (Saikaku IHARA, écrivain du 17ème siècle). Il habitait à Kobe. Je savais qu’il rentrait chez lui chaque week-end.
Depuis le séisme, et pendant une semaine, nous n’avons pas reçu de nouvelle du professeur, à part le fait qu’il était effectivement chez lui à Kobe. Nous étions très inquiets pour lui. Il habitait juste à côté de 長田区 Nagata-ku, l’arrondissement où il y’a eu beaucoup de dégâts et d’incendies.
Au bout d’une semaine, il est arrivé à l’école après nombreuses escales et de moyens du transport différents.
Il nous a raconté, “ Heureusement ma maison n’a pas été détruite. Mais toutes les infrastructures essentielles étaient coupées. Il n'y avait pas de trains. J’ai demandé à mon beau fils de m’emmener à une gare où quelques trains passaient encore. J’ai du faire un grand tour pour arriver ici. C’était quelque chose…”
A la télévision, je voyais de jeunes enfants qui ont perdu leurs parents au milieux de gravats fumant encore.
Cherchaient-ils leurs parents dans l'hiver très froid ? Je regardait cet scène avec les larmes aux yeux. Il y a ces enfants-là dans le même pays où je vis, pas loin d’ici, dans un pays si développé.
Aujourd’hui, cela fait 20 ans depuis ce jour tragique.
Au Japon, malheureusement des tremblements de terre sont inévitables. On sais qu’un jour on aura un séisme comme les Séismes de 1923 (Tokyo), de 1995 (Kobe) et 2011 (Tohoku) etc.,…
Je pense que les japonais acceptent d’en avoir et ils n’ont pas de choix. Ils vivent avec, de toute façon…
Au moment du Séisme de 2011, j’ai eu beaucoup de questions par les français qui ont eu de l’empathie pour les japonais.
“ Comment va votre famille ?” “Avez-vous plus d’informations sur Fukushima ?” “Les japonais sont courageux… c’est terrible ce qui vous est arrivé…”
“ N’évacuez-vous pas votre famille à quelque part ? ”
Je me suis posée la question “ Où peuvent-ils partir ?” Mais leur vie se trouve là où ils habitent, c'est évident. Finalement je trouve cette question un peu bizarre.
La plus part de japonais ne pensent pas à quitter leur maison pour partir ailleurs (à part de la zone interdite à cause de la radioactivité).
Ma famille continue toujours à vivre comme avant. Ils sont assez loin de la zone dévastée.
Ils ne savent pas plus des choses sur l’accident nucléaire que les français… Même il y en a beaucoup qui continuent à vivre sans en avoir conscience.
C’est terrible peut-être, mais c’est la vérité.
Récemment j’ai lu un article sur le Séisme de Kobe.
L'auteur racontait " Dans la gare de Kyoto, ce qui m’a étonné était de voir les sauveteur venant d’arriver d’autres régions à côté de beaucoup de jeunes gens en tenue de ski s’apprêtant à partir aux stations au moment du séisme. Quel contraste.”
Même après un grand événement tragique, la vie continue. Le temps passe au même rythme pour tout le monde.
Pour certains, leurs vies ne sont plus les mêmes. Pour d'autres, ils oublient, ils vivent comme avant, comme s'il ne c'était rien passé…
Je pense que ce qui est important est "Qu’est ce qu’avons-nous appris de cela pour progresser".
Au contraire, l’inconscience ne nous fait pas progresser.
Ne fermons pas le rideau devant nos yeux.
Ce jour, le 17 janvier au bout de 20 ans après le Séisme de Kobe, c’est une occasion d’y réfléchir.
Kiyomi